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Sexualité

Un soldat américain reçoit la première greffe de pénis et de scrotum au monde

Un soldat américain qui avait perdu son appareil génital en Afghanistan a été greffé d'un pénis et d'un scrotum, mais pas de testicules pour des raisons éthiques, le 26 mars 2018. Une première mondiale qui devrait restaurer ses fonctions urinaire et sexuelle.

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La première greffe de pénis et scrotum au monde a été reçue par un soldat américain

Pénis et scrotum, illustration.

VERONIQUE ESTIOT / BSIP / AFP

La première greffe de pénis et de scrotum (enveloppe de chair autour des testicules) au monde s'est faite aux Etats-Unis, sur un soldat américain grièvement blessé il y a plusieurs années dans l'explosion d'un engin improvisé en Afghanistan, d'après l'annonce des médecins de l'Université Johns Hopkins lundi 23 avril 2018. Une avancée médicale qui a déjà permis à son bénéficiaire de se sentir "plus normal" après cette blessure dévastatrice.

La 4e greffe de pénis réussie, et la première greffe de pénis et scrotum

Seules quatre greffes de pénis ont été effectuées avec succès dans le monde, en comptant celle annoncée lundi 23 avril 2018. La première greffe de pénis au monde avait été pratiquée en Chine en 2006, mais le bénéficiaire avait dû être de nouveau opéré pour le retirer en raison de "graves problèmes psychologiques" l'ayant affecté ainsi que son épouse. Deux ont été pratiquées en Afrique du Sud, pays où la première opération réussie de ce type a été effectuée en 2015. Les Etats-Unis ont suivi en 2016.

Cette transplantation d'un pénis et d'un scrotum, faite à partir d'un donneur décédé, est une première mondiale. Le 26 mars, neuf chirurgiens esthétiques et deux chirurgiens urologues l'ont opéré pendant 14 heures. Ce type de greffe, où une partie du corps ou un tissu est transféré d'un individu à un autre, consiste à transplanter la peau, les muscles et les tendons, les nerfs, les os et les vaisseaux sanguins. Comme pour toute chirurgie de transplantation, le rejet de tissu est une préoccupation. Le patient est mis sur un régime de médicaments immunosuppresseurs pour prévenir le rejet.

Un appareil qui devrait être fonctionnel sur les plans urinaire et sexuel

Le bénéficiaire, qui a requis l'anonymat, peut maintenant marcher. Il devrait pouvoir quitter l'hôpital cette semaine. "C'est vraiment une blessure impressionnante, pas facile à accepter", a-t-il dit dans un bref communiqué de l'Université Johns Hopkins. "Quand je me suis réveillé (après l'opération), je me suis enfin senti plus normal", a-t-il ajouté. "Nous sommes optimistes sur le fait qu'il retrouvera des fonctions sexuelles et urinaires presque normales suite à une convalescence totale", a déclaré à la presse W.P. Andrew Lee, professeur et directeur du département de chirurgie plastique et reconstructrice à l'école de médecine de l'université. Les médecins disent avoir bon espoir que le patient puisse uriner avec son pénis dans les semaines à venir, et qu'il finisse par avoir assez de sensations pour parvenir à une érection. "Bien qu'il soit possible de reconstruire un pénis en utilisant des tissus provenant d'autres parties du corps", explique le Pr Lee dans le communiqué, "un implant de prothèse serait nécessaire pour obtenir une érection, et cela s'accompagne d'un taux d'infection beaucoup plus élevé".

Un scrotum sans testicules, pour des raisons éthiques

L'étendue de ses fonctions sexuelles ne sera connue que d'ici six mois, selon les médecins. La prostate du patient n'a pas été touchée lors de l'explosion, mais ayant perdu ses testicules, il ne pourra plus éjaculer. Les tissus greffés comprenaient en effet le pénis, le scrotum et une partie de la paroi abdominale venaient d'un donneur décédé, mais pas ses testicules, pour des raisons éthiques. "Les testicules n'ont pas été greffés parce que nous avions pris la décision, en amont du programme, de ne pas greffer de tissu germinal, c'est-à-dire de ne pas transplanter de tissu qui produit du sperme parce que cela soulèverait un certain nombre de questions éthiques", a déclaré un chirurgien plastique de l'université Johns Hopkins, Damon Cooney. Car "la capacité du bénéficiaire de la greffe à avoir des enfants résulterait en la transmission du matériel génétique du donneur (...) aux enfants de la personne greffée", a-t-il expliqué. "Et nous avons senti qu'il y aurait juste trop de questions éthiques sans réponse" si cela se produisait, a-t-il dit.

CG avec AFP.

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