Combien de temps les porteurs dits sains, ceux qui ne présentent aucun des principaux symptômes du Covid-19 (toux, fièvre, perte du goût et de l’odorat, difficultés respiratoires…) sont-ils contagieux ? Cette question est aujourd’hui cruciale. En effet, le virus SRAS-CoV-2, responsable de la maladie, se caractérise par sa capacité à se répandre “incognito”. Les personnes infectées sans symptômes, ignorant qu’elles sont atteintes, ne se protègent pas et tendent à contaminer involontairement les autres, de manière répétée.
Jusqu’à présent, on estimait que les porteurs sains représentent environ 30 % des cas
Pour bien comprendre les mécanismes de cette transmission invisible, il faut distinguer l’incubation, la période entre la rencontre initiale avec le virus et l’apparition des premiers symptômes, et avec la contagiosité, la période pendant laquelle une personne peut transmettre la maladie. La première, l'incubation, est en moyenne de deux jours avec des extrêmes allant de 0 à 24 jours. Pour la seconde, la contagiosité, on estime qu’elle est d’environ 20 jours après le début des signes cliniques — que l’on soit symptomatique ou non —, avec un maximum de 37 jours selon une étude chinoise sur 191 patients. Mais ce chiffre moyen de 20 jours reste un peu théorique et difficile à estimer, surtout quand le virus circule de manière très active au sein d’une communauté, d’un foyer de contagion…
Le problème demeure évidemment le repérage des asymptomatiques, d’autant que ceux-ci n’ayant sans doute pas respecté un confinement total de 20 jours, ils contribuent à entretenir la circulation virale. Jusqu’à présent, on estimait que ces porteurs sains représentent environ 30 % de l’ensemble des cas, contre 55 % qui présentent des symptômes légers ou modérés, 10 % ayant des formes sévères et 5 % des formes critiques. Mais ce chiffre pourrait être plus élevé, laissent entendre différentes études, comme celle parue fin février dans le Jama, ou l’article discuté récemment paru dans le British Medical Journal.
Des cas asymptomatiques et... présymptomatiques
On sait en tout cas que cette population, est plutôt composée d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes. Certes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a précisé que le risque de contracter le virus au contact d’une personne non symptomatique “est très faible”, puisqu’en l’absence de symptômes, celle-ci par définition ne tousse ni n’éternue. Pour tenter d’y voir plus clair, l’Inserm a lancé, début février, l’étude CoVntact qui vise à mieux comprendre la transmission du virus dans un groupe de 300 asymptomatiques.
Mais le virus est décidément particulièrement retors. Car outre les contaminations par les personnes symptomatiques ou asymptomatiques, d’autres dites présymptomatiques, soit avant l’apparition des symptômes ont aussi été rapportées ! Raison de plus pour ne pas sortir et rester confiné, ou alors toujours en se tenant à distance de l’autre et en restant masqué