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Nature & environnement

Un menu gastronomique bon pour la planète? Des chefs relèvent le défi

Les chefs français sont invités à mettre en avant 50 aliments "bons pour la planète", pour montrer qu'il est possible de changer nos habitudes sans négliger le goût !

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Le chef Grégory Marchand en 2014 à New York

Le chef Grégory Marchand en 2014 à New York

GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives - John Parra

Dans un pays réputé pour son foie gras et son filet mignon, des restaurateurs réputés réunis à Paris ont relevé le défi de créer un menu conciliant gastronomie et protection de l'environnement. Du sarrasin plutôt qu'une blanquette de veau, des pois plutôt qu'une côte de bœuf: de plus en plus de gourmets rejoignent les préoccupations des scientifiques appelant à prendre des mesures radicales pour nourrir une population qui pourrait atteindre 10 milliards d'humains en 2050, sans détruire la planète.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, chacun est appelé à changer sa consommation alimentaire

L'agriculture génère entre 25 et 30% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et est une des principales causes de la perte de biodiversité. Pour réduire ces impacts négatifs, des spécialistes ont imaginé un régime bon pour la santé et l'environnement, dévoilé en janvier. Selon ce rapport coréalisé par la revue médicale The Lancet et l'ONG Fondation EAT, il faudrait consommer chaque jour en moyenne 300 grammes de légumes, 200 grammes de fruits, 200 grammes de céréales complètes (riz, blé, maïs, etc.), 250 grammes de lait entier (ou équivalent), mais seulement... 14 grammes de viande rouge, soit dix fois moins qu'un steak de taille classique.

Graines et légumineuses cultivées au Pérou (AFP/Archives - CRIS BOURONCLE)

Graines et légumineuses cultivées au Pérou (© AFP/Archives - CRIS BOURONCLE)

Dans les pays développés, la consommation de viande rouge peut atteindre jusqu'à huit fois la dose hebdomadaire recommandée. "Les régimes alimentaires actuels poussent la Terre au-delà de ses limites et sont source de maladies: ils sont une menace à la fois pour les gens et pour la planète", avertissaient les auteurs de l'étude publiée dans The Lancet.

Les chefs associent légumineuses, céréales et légumes

Dans ce contexte, l'ONG WWF et la marque Knorr, qui appartient au géant néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques Unilever, ont publié un rapport pour promouvoir 50 aliments: des céréales, des légumineuses et des germes, des légumes, des champignons, des noix et des graines. Ils ont invité des chefs à piocher pour créer de nouveaux plats. Le Français Grégory Marchand, une étoile au guide Michelin, a imaginé une succession de sept plats mariant des épinards, des tagliatelles de salsifis, des lentilles, du riz sauvage et des algues, avec en dessert une panna cotta au lait de soja.

Le chef Sam Kass en octobre 2018 à New York (GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives - Dave Kotinsky)

Le chef Sam Kass en octobre 2018 à New York (© GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives - Dave Kotinsky)

"En tant que chefs et restaurateurs, nous devons soutenir la durabilité et proposer plus de menus à base de végétaux, ce qui peut représenter un défi", dit-il à l'AFP, à l'occasion d'un dîner organisé à Paris cette semaine. "Quand j'ai reçu la liste (des ingrédients), c'était un peu comme ouvrir son réfrigérateur un dimanche soir et décider de ce que vous allez manger", plaisante-t-il. "C'est un processus super intéressant (...). Il y a beaucoup d'ingrédients qu'on utilisait déjà en cuisine, d'autres qu'on a découverts."

L'objectif est d'amorcer un changement dans les habitudes du grand public 

Pour Sam Kass, ancien cuisinier et conseiller sur les questions de nutrition de l'ex-président américain Barack Obama, modifier les habitudes des cuisiniers et du public est une urgence de santé publique, qui ne peut pas être obtenue par la législation: "Il y a tous ces gros rapports qui parlent des changements drastiques à réaliser mais au final, ce sera fait à travers de petits gestes." Environ 800 millions de personnes souffrent de malnutrition à travers le monde, quand près de 2 milliards souffrent de surpoids ou d'obésité. "Il existe une déconnexion complète entre les gens, les animaux et les plantes et nous avons besoin de penser notre relation à la nourriture", a jugé Virgilio Martinez Velez, du restaurant Central à Lima, au Pérou, régulièrement classé parmi les meilleurs restaurants au monde. "Si les gens prennent ce régime comme une mode superficielle, ça ne fonctionnera pas." 

Pour le chef camerounais Christian Abegan, un élément essentiel ne doit pas être négligé pour qu'un changement de régime alimentaire fonctionne: le goût. "C'est un défi de changer les manières de cuisiner des gens et nous devons leur montrer les résultats", a-t-il argumenté, un bol de nouilles, de sarrasin et d'algues à la main.

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