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"David contre Goliath" : une poignée de "gilets jaunes" dans un Paris ultra-contrôlé

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Face-à-face entre un policier et un manifestant samedi 21 septembre 2019 à Paris
Face-à-face entre un policier et un manifestant samedi 21 septembre 2019 à Paris
AFP - Zakaria ABDELKAFI

"Macron démission" : quelques centaines de personnes se revendiquant du mouvement des "Gilets jaunes" tentaient de faire de nouveau résonner samedi leurs slogans dans Paris, quadrillé par des forces de l'ordre cherchant à éviter tout attroupement.

D'abord rassemblés autour de la Madeleine puis de la gare Saint-Lazare pour leur acte 45, de petits groupes se sont rapidement dirigés à pied vers le quartier des Champs-Elysées, déclaré par les autorités zone interdite de manifestation depuis le saccage de l'avenue le 16 mars dernier.

"C'est l'enfer, nous ne sommes même pas une centaine, et la police nous charge, c'est David contre Goliath", témoigne Pierre, "gilet jaune" arrivé tout juste de Rouen par le train à Saint-Lazare, les yeux rougis par le gaz lacrymo. "Je reste motivé à manifester toute la journée et à rejoindre la marche climat", ajoute-t-il.

Pour la première fois, les manifestants n'avaient pas revêtu leur gilet jaune, signe distinctif de ce mouvement social né le 17 novembre 2018.

Ludivine, gilet jaune de la région parisienne, venue défendre "la convergence de luttes entre la justice sociale et le climat" "n'est pas surprise" : "c'est toujours la même chose, on se regroupe à très peu et ils nous chargent", constate-t-elle.

En route vers les Champs-Elysées et dispersés en petits groupes, de nombreux manifestants sont contrôlés par la police et leurs sacs fouillés.

Dans une rue voisine, Eric Drouet, l'une des figures du mouvement social, a été verbalisé pour participation à une manifestation non autorisée, selon une source policière.

"J'ai été contrôlé cinq fois depuis le bas des Champs... On commence à avoir l'habitude mais c'est quand même dingue. Du coup, on va voir où on peut se réunir", commente Steve, 37 ans, venu de Compiègne.

- "Dispersez-vous" -

"C'est ça la France", soupire une quinquagénaire en sweat à capuche sous couvert de l'anonymat. "On fait quoi ? On se rassemble juste pour dire qu'on n'arrive pas à vivre", dit-elle.

Depuis la matinée, l'avenue est également régulièrement traversée par des cortèges de voitures, camionnettes et brigades à moto de la police, sirènes hurlantes, sous les huées des manifestants. Quelques commerces ont installé des palissades de protection pour éviter les destructions.

Aux "dispersez-vous" de la police, criés au mégaphone, certains manifestants répondaient "Cassez-vous", suivaient alors des gaz lacrymogènes et des charges policières avec des matraques.

Manifestation en faveur du climat à Paris le 21 septembre 2019 (AFP - Zakaria ABDELKAFI)
Manifestation en faveur du climat à Paris le 21 septembre 2019 (AFP - Zakaria ABDELKAFI)

Dans ce contexte de tensions sporadiques, quelques touristes interloqués pris dans le flot de la foule sont dirigés par la police hors du périmètre : "il ne faut pas stagner ici", dit un policier à deux hommes assis sur un banc.

Sur la chaussée, un bus à impériale est bloqué par un cordon de policiers. "Les touristes, photographiez ! Regardez la démocratie française", lance une manifestante, tandis que les touristes continuent de photographier l'Arc de Triomphe.

Vers 14H00, le calme était revenu sur les Champs-Elysées. De petits groupes de gilets jaunes étaient assis sur les trottoirs et les rebords de vitrines.

Au même moment, le boulevard Haussmann ressemblait à un samedi habituel, avec ses touristes aux bras chargés de sacs et sa circulation dense. Seule une dizaine de camionnettes de gendarmes mobiles garées devant les grands magasins rappelaient les manifestations du matin.

"Qu'est-ce qui se passe ?" demande Georgia, une Américaine de 23 ans en vacances à Paris. "Je croyais qu'il y avait un attentat", explique-t-elle paniquée devant le nombre de camionnettes, en sortant des grands magasins. Plus loin, une file d'attente d'une centaine de personnes attend pour visiter à l'Opéra Garnier.

A 14H00, 123 personnes avaient été interpellées, selon la préfecture de police de Paris. Des "armes par destination", comme des boules de pétanque ou des marteaux, ont été saisies par les forces de l'ordre.

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