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Climat

COP24 : l’agroécologie devient un instrument de lutte contre le réchauffement climatique

Pour la première fois, l’agriculture fait son entrée dans la négociation climat. Fustigé pour ses émissions de gaz à effet de serre, le secteur pourrait se transformer en solution s’il change fondamentalement ses pratiques.

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Parc agroforestier au Sénégal

Parc agroforestier au Sénégal

V.Bonneaud/Cirad

En 2017, à la COP23 de Bonn, la communauté internationale décidait d’embarquer l’agriculture dans la négociation. Katowice est donc la première COP à entamer le sujet. «Ce qui a pris le nom de Koronivia Joint Work on Agriculture, n’est ni plus ni moins que la prise en compte de l’agriculture comme un puits de carbone et donc comme une solution pour le climat et non seulement comme émettrice de gaz à effet de serre » explique Rémi Cardinael, agro-pédologue au Cirad. Aujourd’hui, le secteur pèse 20% des émissions mondiales. La moitié provient de l’élevage via les rejets de méthane principalement des bovins, l’autre moitié des usages d’engrais générateurs de protoxyde d’azote, et de déforestation. La transformation d’une forêt en culture largue en effet dans l’atmosphère du carbone stocké depuis des centaines d’années dans les arbres et les sols.

« Nous savons cependant que correctement gérés, les sols agricoles ont une grande capacité de stockage du carbone » poursuit Rémi Cardinael. Le modèle qui le permet n’est évidemment pas industriel. L’agriculture intensive exige des engins puissants et gourmands en pétrole, de grandes parcelles qui poussent à la disparition des haies et un labour annuel qui favorise les pertes en carbone. Les alternatives sont diverses mais reposent en général sur la combinaison des arbres et des cultures. Le non labour (pratiqué sur plus de moitié des grandes zones agricoles américaines), la couverture permanente des sols, l’agroforesterie, l’agro-écologie, toutes ces méthodes de culture stockent plus de carbone qu’elles n’en émettent.

Avec les bonnes pratiques, les sols pourraient absorber tout le CO2 émis en excès dans l'air

C’est ainsi qu’à la COP21 à Paris en 2015, avait émergé le programme "4/1000". Ce taux correspond à ce qu'il faudrait théoriquement stocker dans le sol chaque année pour compenser toutes les émissions de gaz à effet de serre, un stockage perturbé et annihilé par les pratiques actuellement les plus répandues. Les sols contiennent pourtant 2 à 3 fois plus de carbone que l’atmosphère. Et dans les 30 à 40 premiers centimètres de terre, le CO2 atmosphérique est annihilé pour des décennies. «Or, plaide inlassablement le promoteur de ce programme, Martial Bernoux de la FAO, si on augmentait ce taux ce carbone de 4/1000 dans toutes les terres agricoles, on stopperait l’augmentation annuelle de CO2 dans l’atmosphère ». Réchauffement climatique résolu ! L’opération aurait même le double avantage d’augmenter la fertilité des champs.

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