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Agriculture

Salon de l'agriculture 2018 : le développement durable à l'honneur

Mise en cause des pesticides, hausse du “bio”, réflexions sur une agronomie différente, contestation du modèle dominant : le salon 2018 prend acte du virage pris par le secteur agricole vers une développement plus durable et respectueux de l’environnement.

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légumes bio

Légumes “bio”. Le nombre de producteurs en agriculture biologique s’est accru de 13,6 % en 2017 en France. 

Voisin/Phanie

DATE. Le 6 mars 2010, Nicolas Sarkozy bouclait sa visite du Salon de l’agriculture par un tonitruant : “l’environnement, ça commence à bien faire”. Au vu de la tonalité de cette version 2018, des sujets des colloques qui s’y tiendront tout au long de la semaine et des prises de position qu’on y attend, la saillie de l’ancien président de la République apparaît très datée. Huit ans plus tard, le secteur agricole entame sa mutation vers un développement plus durable et respectueux de l’environnement.

Certes, les agriculteurs sont dans la seringue. La polémique du printemps 2017 autour des effets cancérogènes du glyphosate, l’herbicide chimique le plus utilisé par la profession, a braqué de nouveau les projecteurs sur les conséquences environnementales des épandages à haute dose de pesticides et d’engrais chimiques. Les objectifs de réduction du plan Écophyto, mis en place en 2008 suite au Grenelle de l’environnement, n’ont jamais été atteints. Au contraire, les doses de phytosanitaires ont augmenté. Le coût de dépollution de ces produits chimiques dans l’eau coûte annuellement aux contribuables français entre 1 et 1,5 milliard d’euros selon l’Institut technique de l’Agriculture biologique (Itab). Les “États généraux de l’alimentation” qui se sont déroulés à l’automne 2017 ont contribué à remettre à plat le sujet.

Un contrat de solution pour une démarche de progrès

BIOCONTRÔLE. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a opéré en novembre un changement de position important. Après avoir refusé tout débat sur le sujet, le syndicat majoritaire a publié un “contrat de solutions” promouvant une “trajectoire de progrès pour la protection des plantes” qui passe par une réduction de moitié de l’usage des pesticides d’ici à 2025. La FNSEA ne s’arqueboute plus sur une position intransigeante mais plaide désormais pour que les interdictions de phytosanitaires à venir ne s’opèrent que lorsque des solutions de substitutions sont disponibles. Et le syndicat de s’engager à ce que ces substituts comme le biocontrôle soient mieux connus, distribués et conseillés aux agriculteurs. Mi-janvier, le ministère de l’Agriculture a lancé sa concertation sur l’usage des pesticides. Les conclusions devraient  être rendues le 9 mai prochain.

C’est peu dire qu’on devrait en parler lors de ce salon. Les “ateliers pratiques” qui se déroulent dans le “village des professionnels” couvrent l’ensemble des thématiques liées à l’agriculture durable, au biologique, à la bioéconomie et même au réchauffement climatique. Arvalis, l’institut technique des grandes cultures, présentera deux innovations qui permettent de réduire l’usage des pesticides et des engrais chimiques. L’Inra, le mardi 27 février, consacrera une demi-journée à la diversité des agricultures, enterrant par la même le modèle unique de l’agriculture industrielle. L’Irstea présentera ses dernières innovations en faveur d’une réduction de l’usage des produits chimiques. Le secrétaire d’État à la transition écologique Sébastien Lecornu viendra, lui, présenter les mesures destinées à accélérer la production de biogaz à partir de déchets agricoles.

Un modèle agricole dominant coincé entre consommateurs et industriels

RÉVOLUTION. Le modèle agro-industriel issu de la “révolution verte” de l’après-guerre est certes toujours dominant. Mais il se retrouve coincé entre le grand public, qui vient toujours aussi nombreux au salon de l’agriculture mais pour y consommer toujours plus de produits biologiques, et les filières professionnelles de transformation des produits attentifs à cette demande. Ainsi, le principal négociant en blé de France, le groupe Soufflet, vient de signer un nouvel accord de partenariat avec l’Inra pour réussir une “transformation durable des filières agricoles, de l’assiette jusqu’au champ, pour les filières blé, orge et légumes secs”. Parmi les objectifs : la réduction de l’usage des pesticides. Au côté des traditionnels transformateurs des produits bio, des marques internationales comme Danone ou Évian annoncent l’élargissement de leur gamme bio. L’Agence bio a enregistré en 2017 12 238 entreprises de transformation de produits bio, en hausse de 15 % par rapport à 2016.

Toujours selon l’Agence bio, 73 % des Français déclarent consommer au moins un produit bio par mois. Ils devraient donc être nombreux dans les allées du Salon de l’agriculture pour acheter ces produits en vogue qui ne sont pourtant proposés que par 8,5 % des agriculteurs. Un paradoxe qui ne peut pas tenir très longtemps.

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