Partager
Agriculture

L'agriculture foisonne d'idées pour demain

Le concours "Arbres d’avenir" récompense des agriculteurs qui ont décidé de replanter des haies et de faire voisiner leurs cultures avec des arbres. Le deuxième palmarès révèle un foisonnement d’idées.

réagir
Plantation d'arbres sur la ferme de Cyrille Chevalier

En novembre 2017, plantations d'arbres sur la ferme de Cyrille Chevalier (Creuse).

Cyrille Chevalier

VERTUEUX. Le concours "Arbres d’avenir" est l’enfant improbable d’associations oeuvrant dans la transition agricole comme "Fermes d’avenir" et PUR projet, de la plateforme de financement participatif "BlueBees", associés avec le leader mondial de l’hôtellerie AccorHôtels, la branche "biodiversité" de la Caisse des dépôts et consignation (CDC) et le ministère de l’Agriculture. Cet attelage organise pour la deuxième année consécutive un concours destiné aux agriculteurs qui ont décidé de réintégrer l’arbre et les haies sur leurs terres. But recherché : retrouver des écosystèmes plus riches, bénéficier des avantages fournis par le bois et les fruits, réhabiliter des paysages. Ce système agronomique est tellement vertueux qu’il fait l’objet d’un plan de développement du ministère de l’Agriculture. D’où sa présence officielle dans le jury. Le palmarès 2018 fait place à trois belles histoires qui vont désormais bénéficier d’une aide financière.

Prix "dynamique territoriale"

Trois viticultrices, trois domaines dans trois appellations bordelaises différentes (Nord libournais, Graves, Langonnais), un seul projet commun : planter 1127 arbres sur ces trois domaines de respectivement 8, 22,5 et 30 hectares. "La vigne est une monoculture dont on pourrait penser qu’elle exclut toute autre forme végétale, explique Delphine Vinet qui gère le domaine Emile Grelier avec son mari Benoit. Notre pari, c’est d’introduire la biodiversité dans nos parcelles". Le domaine Grelier fait figure de locomotive. 350 arbres ont déjà été plantés, 448m de haies recréées, les mares sont réhabilitées et les plantes locales comme les orties, la valériane, les prêles sont les bienvenues. Le couple de viticulteurs a signé une charte de respect de la biodiversité de proximité avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et est officiellement un refuge pour les chauves-souris labellisé par le Groupe Chiroptères d’Aquitaine. Les chauves-souris constituent d’ailleurs le remède principal contre le ver de la grappe. Ces animaux se régalent en effet de ces petits papillons nocturnes qui pondent leurs oeufs sur les raisins. L’Inra étudie par ailleurs l’influence de l’arbre sur les ceps par les estimations d’abondance des insectes et les effets sur la limitation des maladies de la vigne. Le modèle essaime donc auprès de deux nouveaux domaines et le but des trois viticultrices, c’est de convaincre le plus grand nombre de professionnels du vin.

Delphine et Benoît Vinet entre arbres et vignes. © Philippe Laurençon

Prix "nature 2050"

La ferme de Layat à Trézelles, dans le Bourbonnais était une exploitation traditionnelle en polyculture-élevage. Elle est désormais "agro-logique". Sur 50 hectares cohabitaient troupeaux de bovins et céréales destinées à les engraisser. En reprenant la ferme, Stéphane Sabot a complètement renversé le modèle de ses parents. S’il a obtenu son prix, c’est certes parce que l’agriculteur a planifié la plantation de 3255 arbres, mais c’est surtout parce que le projet consiste à "semer des paysans". "Ce que nous voulons, c’est accueillir des projets de maraîchers en morcelant les champs par la recréation de haies et de lignées d’arbres, expose Stéphane Sabot. Les champs qui font aujourd’hui entre 5 et 10 hectares vont être divisés en parcelles de 0,5 à 2 hectares où de nouveaux paysans pourront s’installer". Il s’agit donc d’un projet communautaire qui fait le pari du légume bio et de la vente de proximité. Le projet lorgne vers la permaculture et ambitionne d’instaurer un compagnonnage entre les différents exploitants. "Nous pensons même accueillir très bientôt des projets portés par des migrants" poursuit Stéphane Sabot.

Prix "graine d’agriculteur"

Cette récompense couronne le projet d’un agriculteur de moins de 35 ans. Sur la ferme de 39 hectares qu’il vient de reprendre de ses parents, Cyrille Chevalier va planter 2075 arbres, principalement des fruitiers, pommiers, poiriers et fruits rouges pour une production en bio. "Dans mon coin du nord de la Creuse, il y a un déficit de production de fruits aussi mon projet est à la fois économique et écologique car l’arrivée de nouveaux arbres est aussi l’occasion de réhabiliter la biodiversité", expose le jeune agriculteur. Ses fruitiers alterneront ainsi au sein de haies avec des charmes et des saules favorisant la vie biologique et les interactions entre insectes et oiseaux. Tout en améliorant la qualité paysagère de son exploitation.

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications