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La norme pour les voitures connectées en Europe fait débat

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LA NORME POUR LES VOITURES CONNECTÉES EN EUROPE FAIT DÉBAT
Le Parlement européen a approuvé la proposition de la Commission en faveur d'une technologie basée sur le wifi pour les voitures connectées, une norme soutenue notamment par Volkswagen et Renault, mais le camp adverse, composé de Daimler, Ford et PSA, espère toujours pouvoir modifier cette décision. /Photo prise le 13 février 2019/REUTERS/Vincent Kessler
Vincent Kessler

par Douglas Busvine

FRANCFORT (Reuters) - Le Parlement européen a approuvé la proposition de la Commission en faveur d'une technologie basée sur le wifi pour les voitures connectées, une norme soutenue notamment par Volkswagen et Renault, mais le camp adverse, composé de Daimler, Ford et PSA, espère toujours pouvoir modifier cette décision.

Selon les promoteurs de la norme alternative basée sur la 5G, baptisée C-V2X (Cellular Vehicle to Everything), cette technologie est déjà viable et elle ne fera que s'améliorer au fur et à mesure du déploiement des réseaux mobiles de cinquième génération.

Le débat sur les deux normes divise l'industrie automobile comme le secteur des télécommunications et la technologie qui finira par s'imposer sera le standard en Europe en matière de connexion des véhicules autonomes, destinés à être plus sûrs que les modèles avec conducteur.

La circulation automobile fait environ 25.000 morts et 135.000 blessés chaque année dans l'Union européenne. La Commission souhaite baisser de moitié ces deux chiffres d'ici 2030 dans le cadre d'un objectif à long terme baptisé "Vision zéro" visant à pratiquement éradiquer les accidents de la route d'ici 2050.

La Chine, premier marché automobile du monde, a déjà opté pour la norme C-V2X, conçue pour fonctionner sur les réseaux 5G mais incompatible avec le wifi. Le constructeur automobile américain Ford va proposer cette norme en 2021 en Chine et s'est engagé à la déployer sur tous ses véhicules neufs aux Etats-Unis à compter de 2022.

Le Conseil européen doit se prononcer sur la question des normes d'ici mi-mai.

Voici un éclairage sur les enjeux et l'évolution probable du dossier:

QUE PROPOSE LA COMMISSION ET QUELLE NORME SOUTIENT-ELLE?

La Commission européenne a proposé un acte juridique pour réglementer les "systèmes de transport coopératifs intelligents" (C-ITS). Elle soutient la norme wifi ITS-G5, déjà adoptée par une grande partie de l'industrie automobile et également déjà homologuée.

Volkswagen est le principal partisan de l'ITS-G5 et le constructeur allemand devrait commencer à déployer cette technologie sur ses véhicules cette année.

VW estime que le déploiement de la technologie C-V2X prendra des années et qu'aucun équipement n'est commercialement disponible pour réaliser des tests, selon un document consulté par Reuters.

L'ITS-G5 est également par Toyota, MAN et Scania (filiales de VW), le fabricant de puces NXP, la société de péage routier Kapsch et le groupe d'homologation technique VdTüV.

POURQUOI D'AUTRES PRÉFÈRENT LA 5G?

Depuis la création en 2016 d'une alliance par Audi, BMW, Daimler, Ericsson, Huawei, Intel, Nokia et Qualcomm, le nombre de partisans de la norme C-V2X ne cesse de croître.

Le consortium baptisé 5G Automotive Association (5GAA), compte à présent plus de 100 membres qui soutiennent que le C-V2X est meilleur que le wifi en termes de sécurité, de fiabilité, de portée du signal et de temps de latence.

Ils estiment en outre que le projet de la Commission d'intégrer par la suite d'autres technologies à la norme C-ITS lorsqu'elles seront homologuées, sera impossible en raison de l'incompatibilité entre le wifi et la 5G.

"C'est comme insérer un DVD dans un lecteur VHS et essayer de le jouer", écrit Mats Granryd, directeur de la GSMA, une fédération des télécoms, dans une lettre adressée au Parlement européen.

QUELLE EST LA MEILLEURE TECHNOLOGIE?

Les participants au débat s'accordent à dire que la norme C-V2X sur des réseaux 5G constituera la meilleure technologie, mais ils sont divisés sur le calendrier de son déploiement et sa disponibilité pour le marché de masse.

La norme C-V2X pourrait, par exemple, permettre à une voiture connectée de repérer un piéton grâce à son smartphone avant même que l'automobiliste ne s'en aperçoive. Le véhicule freinera alors automatiquement et enverra une alerte sur le téléphone du piéton.

Le wifi est certes moins cher à déployer que la 5G dont les données seront facturées par les opérateurs, mais selon Richard Windsor, analyste indépendant en technologies, les réseaux mobiles des opérateurs seront sans doute plus sûrs. "Accorderiez-vous votre confiance à un véhicule basé sur un routeur domestique?", s'est-il interrogé.

La Chine et d'autres pays ayant adopté le C-V2X, les constructeurs automobiles européens pourraient voir leurs coûts croître en développant et en déployant à la fois deux systèmes, un pour le marché intérieur et l'autre pour l'exportation.

QUI AURA LE DERNIER MOT?

Le Parlement européen a adopté l'acte juridique de la Commission à une faible majorité mercredi et le dossier est à présent devant le Conseil européen.

Le texte ne peut être bloqué qu'à la majorité qualifiée des 28 Etats membres de l'Union dont 16 pays représentant 65% de sa population.

La tâche s'annonce difficile, mais les partisans de la 5G espèrent qu'un avis dubitatif exprimé par l'équipe de conseillers juridiques de la Commission jouera en leur faveur, ont rapporté des sources. Un groupe de travail du Conseil se réunit à nouveau les 3 et 10 mai pour examiner cet avis.

L'Allemagne, poids lourd de l'UE, a déclaré avoir pris note de ces réserves mais qu'elle n'avait pas encore pris de décision sur le sujet. Le Conseil européen doit en principe rendre sa décision sur le dossier le 13 mai.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

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