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Matériaux

Décès de Barbara Weldens : les questions que pose sa possible électrocution

En plein récital dans le cadre du Festival Léo Ferré, à Gourdon dans le Lot, la jeune chanteuse Barbara Weldens s’effondre subitement. La thèse d’une électrocution est privilégiée.

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La chanteuse Barbara Weldens en novembre 2016.

La chanteuse Barbara Weldens en novembre 2016.

© CITIZENSIDE / CAROLINE PAUX / CITIZENSIDE/ AFP

Comment l’électrocution est-elle encore possible au 21e siècle alors que les dispositifs de sécurité se multiplient ? C’est la question à laquelle un groupe d’experts va tenter de réponde dans les jours qui viennent après la dramatique disparition de la chanteuse française Barbara Weldens, morte pendant un récital, sur scène, à Gourdon dans le Lot.

Quoi qu’il en soit, si électrocution il y a eu, elle ne peut s’être faite que par l’intermédiaire du fil du micro. Mais, si ce dernier peut constituer un « point d’entrée », pour que le courant puisse circuler il faut aussi qu’il y ait un « point de sortie ». Ici, celui-ci ne peut être constitué que par le sol. Une configuration malheureusement très défavorable puisque dans ce cas le courant électrique parcourt le corps en partant du bras, puis traverse le thorax, et donc passe par le cœur, pour s’évacuer par les jambes puis les pieds.

Par ailleurs, plusieurs autres faits aggravant étaient probablement réunis. En premier lieu, en raison de la chaleur, ou même du stress, la chanteuse devait sans doute transpirer légèrement. Un point, ici encore, qui favorise le passage du courant au niveau de la peau et accroit le risque d’électrocution. Demeure une question : d’où le « défaut électrique » conduisant à l’apparition d’une tension indésirable au niveau du micro pouvait-il provenir ?

Certains phénomènes électriques peuvent être « fugitifs » et ne laissent que peu d’indices exploitables à postériori

En premier lieu, on peut soupçonner le système de sonorisation : toute la chaîne de restitution sonore, haut-parleurs, amplificateurs et surtout régie mixage où était relié le micro. Suite au transport du matériel, une connexion interne peut avoir cédé, provoquant la circulation du courant dans des zones indésirables. Nul n’est à l’abri d’un tel défaut d’isolation. Ici les experts lèveront rapidement le doute. Pourtant, si tel est le cas, pourquoi le disjoncteur différentiel (1) de l’installation électrique de l’église où se déroulait le concert n’a-t-il pas joué son rôle protecteur contre l’électrocution ? Car pareil équipement est nécessaire pour que l'installation soit aux normes.

Il faut savoir que ces disjoncteurs ont un seuil de déclenchement calibré à 30 mA (30 milliampères). Or il n’y a pas vraiment de valeur létale fixe pour le courant électrique. En effet, s’il est certain qu’un courant de 75 mA provoque une fibrillation cardiaque, cette valeur s’abaisse très fortement en fonction des conditions, de la durée durant laquelle le corps est traversé par le courant, de son parcours dans le corps de la personne et, enfin, la sensibilité de la victime. Dans certaines conditions un courant de 20 mA, voire 10 mA, peut être fatal. Cette intensité restant inférieur au seuil de déclenchement du disjoncteur différentiel, il est normal que l’installation n’ait pas disjoncté.

Par ailleurs, certains témoins évoquent la présence d’un orage lointain. Ce peut être aussi la source d’une anomalie sur le réseau électrique. Dans le Lot, la majeure partie du réseau est aérienne. Les câbles sont ainsi exposés à la foudre. Même si le réseau est protégé des coups de foudre, lors d’un impact, une surtension ponctuelle peut se propager sur le réseau à plusieurs kilomètres à la ronde.

Dans ce cas les isolations internes des équipements du système de sonorisation, conçus pour une tension secteur « normale » de 220 V peuvent ne pas avoir correctement joué leur rôle et laisser passer l’éventuelle surtension vers le câble du micro. Enfin, dans certains cas rares, peut même s’agir de l’apparition d’une tension parasite ente le « neutre » et la « terre » : une situation pour laquelle l’isolation des équipements électriques n’est pas vraiment conçue pour résister.

Concours de circonstance malheureux, négligences, le rôle des experts est donc ici déterminant, même si leur tâche ne sera pas facile. Certains phénomènes électriques peuvent être « fugitifs » et ne laissent que peu d’indices exploitables à postériori.

(1) Disjoncteur différentiel : disjoncteur spécifique qui, en mesurant le courant électrique que véhicule tant la « phase » que le « neutre », autrement dit le courant entrant et le courant sortant dans l’installation, détecte toute anomalie. Ainsi les courants de fuite, c’est-à-dire les courant électriques n’empruntant pas les câbles de l’installation, sont détectés. C’est le cas du courant traversant le corps d’une personne : Il ne passe plus par les fils conducteurs de l’installation. Cependant, comme l’isolation des équipements électroménagers n’est jamais parfaite, les disjoncteurs différentiels disposent d’un « seuil de tolérance ». En cas contraire, ils disjoncteraient trop fréquemment. La réglementation fixe ce seuil à 30 milliampères.

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