Partager
Agenda

"Le degré de méconnaissance de la science et de la technologie par les politiques est parfois assez étonnant"

Arnaud Benedetti est le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Il lance avec la mairie de Saint-Raphaël la 1ère édition du "Printemps des technologies", les 7 et 8 avril 2023. Entretien.

réagir
Arnaud Benedetti.

Arnaud Benedetti.

Crédit Revue politique et parlementaire
Arnaud Benedetti.
"Le degré de méconnaissance de la science et de la technologie par les politiques est parfois assez étonnant"
Dominique Leglu
00:00 / 00:00

"On voit bien que les questions technologiques deviennent de plus en plus politiques et qu’elles sont de plain-pied dans le débat public". Pour Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, "plus ancienne revue française née en des temps républicains", tient-il à rappeler, (lire encadré "Des clés pour comprendre l’époque"), "le degré de méconnaissance de la science et de la technologie par les politiques est étonnant". C’est pourquoi il lance cette année la 1ère édition d’une nouvelle rencontre ouverte au grand public, intitulée "Le printemps des technologies" avec la mairie de Saint-Raphaël (programme complet) les 7 et 8 avril 2023, à laquelle Sciences et Avenir participera (lire encadré "IA, souveraineté et géopolitique"). On veut comprendre, explique celui qui connaît bien les instituts de recherche français dont il a dirigé la communication (CNES, CNRS, Inserm) "comment la société s’approprie ou non certains processus technologiques". Interview.

"Comment la société impacte la technologie"

Sciences et Avenir : De quoi voulez-vous faire débattre avec ce « Printemps des technologies » ?

Arnaud Benedetti : Nos sociétés baignent dans la technologie. Il faut s’interroger sur les relations qui s’établissent entre elle, la société et la politique. Et comme nous sommes en année 1 de ces rencontres, nous avons voulu brosser un large tableau des questions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, qu’il s’agisse de mobilité, de santé et d’éducation, de sécurité et liberté, du déploiement de l’intelligence artificielle, de technologie et environnement … Mais il y aura aussi des discussions sur souveraineté et géopolitique dont les enjeux sont considérables et que je pense insuffisamment traités par le monde politique.

Ces relations sont-elles bonnes ou mauvaises ?

Les attitudes sont très ambivalentes, et évidemment diverses sur le plan politique. Mais ce que nous voulons mieux comprendre, c’est comment, aujourd’hui, la société impacte la technologie et s’approprie ou non certains processus technologiques. Certains des sujets sont éminemment politiques comme celui lié à la sécurité et de la liberté. Il est important de s’efforcer d’avoir une réflexion équilibrée autour de ce sujet, en prenant en compte sa dimension politique.

IA, souveraineté et géopolitique
Les lectrices et lecteurs de Sciences et Avenir – La Recherche (SA-LR) amateurs d’intelligence artificielle pourront retrouver Jean-Gabriel Ganascia, le spécialiste qu’ils lisent régulièrement dans nos colonnes, à 14h30 le 8 avril à Saint-Raphaël, lors de table ronde « Qu’attendre de l’IA ? ». Une vingtaine d’autres professeurs, écrivains, essayistes, avocat, conseillère éthique, industriels partageront leurs points de vue toute la journée de 10H à 20H (1). La directrice éditoriale de SA-LR, Dominique Leglu, participera à la table ronde « Souveraineté et géopolitique » (16H-17H15), avec notamment l’académicien des sciences Yves Bréchet, ancien Haut Commissaire au CEA. A noter pour le 7 avril (15H-17H30), en partenariat avec les lycées de Saint-Raphaël, un temps fort intitulé « La métamorphose numérique et les imaginaires du futur ».
1) Programme détaillé et inscription ; renseignements et réservations gratuites : 04.98.11.89.00

Ces dimensions sont diverses…

Certaines, avec une vision très positive de la technologie, considèrent qu’on n’en est qu’au début d’une évolution qui va révolutionner l’économie, le monde du travail, l’organisation de la vie quotidienne, la science etc. Que les progrès à venir sont considérables et qu’il faut que l’Etat et un pays comme la France se positionnent pour ne pas perdre pied dans la compétition internationale. D’où cette réflexion que nous avons voulue sur la géopolitique, sachant que des pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, accordent une grande importance à la science et à la technologie. D’autres se focalisent beaucoup plus sur la question de l’acceptabilité de la technologie par la société et par la démocratie. Voir ce que j’évoquais plus haut sur le déploiement de certaines technologies et leur impact sur les libertés publiques. Dans les deux cas, il faut bien que le législateur se saisisse de ces sujets et ne les laissent pas se développer sans se poser la question de leur régulation.

"La science n'est pas un monde de bisounours"

Les politiques ne semblent pas toujours très au fait de la science et de la technologie…

Le degré de méconnaissance est parfois assez étonnant. Ils ne savent pas faire la différence entre science et technologie et ne savent pas comment fonctionne le monde scientifique. Ils ont même découvert, avec la crise sanitaire, que ce n’était pas un monde de bisounours et que la science avançait par controverses. Lors de ces journées, parce que la Revue politique et parlementaire a une tradition de droit public, de sciences sociales et politiques, la dimension « sciences sociales » sera très présente dans les discussions. D’autant qu’il faut que le grand public puisse s’approprier ces questions.
 

"Des clés pour comprendre l’époque"
"La « Revue politique et parlementaire » s’ouvre de plus en plus aux questions de science et de technologie", souligne Arnaud Benedetti, son rédacteur en chef, "y compris dans son comité éditorial et dans son comité scientifique". Ainsi, Catherine Bréchignac, secrétaire perpétuelle honoraire de l’Académie des sciences (1), est la présidente de ce dernier, qui compte aussi Jean-François Delfraissy, à la tête du Conseil scientifique auprès du gouvernement lors de la crise du Covid, Antoine petit, PDG du CNRS ou encore Alain Bensoussan, ancien président l’agence spatiale française CNES, etc.
"Nous sommes dans la continuité de l’esprit de cette revue, depuis sa création en 1894 : donner aux décideurs des clés pour comprendre leur époque et pour les aider à prendre leurs décisions. Créée sous la IIIème République par un courant politique de républicains modérés dans le sillage de Pierre Waldeck-Rousseau (Président du conseil des ministres 1899-1902, connu pour sa loi sur la légalisation des syndicats et qui a même été membre du comité éditorial de la revue ndlr), elle a toujours été intéressée par la prospective économique et politique". Au chapitre des gloires dans ses colonnes, la publication en 1933 par Charles de Gaulle, encore colonel, du premier chapitre de son célèbre livre « Vers l’armée de métier ». Suivi par nombre de présidents, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Hollande. Certaines contributions marquantes du « Printemps des technologies » seront publiées ultérieurement dans la Revue.
1) Ambassadrice déléguée à la science, la technologie et l'innovation du Groupe interacadémique pour le développement (GID).

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications