Ce n’est pas nouveau, l’Australie fascine par ses créatures étranges, parfois dangereuses et dans beaucoup de cas venimeuses. Que l’on s’intéresse à la biodiversité australienne d’aujourd’hui ou à celle datant de millions d’années, le constat est le même : la faune et la flore de ce continent n’ont décidément jamais rien eu d’ordinaire. Loin d'échapper a cette règle, Palorchestidae se range même à la tête du classement des êtres vivants les plus insolites que le continent ait jamais eu à offrir comme en témoigne l'étude menée par Hazel Richards et publiée dans le prestigieux journal PLOS ONE.
A quoi ressemblait Palorchestidae ?
"Ce sont des bêtes étranges, incomparables à un quelconque animal de notre époque", raconte Julien Louys, un paléontologue de l’Université de Griffith, qui ajoute que "les espèces les plus proches sont probablement les wombats et les koalas, mais cela serait comme dire qu’un mouton est comparable a une girafe". Voilà de quoi laisser planer le mystère sur l’apparence intrigante des membres de cette espèce !
En tentant de lever le voile sur cette énigme, les paléontologues ont examiné les 60 fossiles d’ossements des membres supérieurs et inferieurs appartenant à 3 espèces différentes ayant vécu a des époques distinctes. Cette étude ostéologique a permis d’établir l’enchaînement chronologique de ces espèces et de remarquer que les Palorchestidae ont évolué vers de plus grandes tailles. Palorchestes azael, la dernière espèce et donc la plus imposante, pesait probablement plus de 1000 kilogrammes.
Au-delà de leur grande taille, ces créatures avaient une tête similaire à celle des tapirs actuels, un nez très allongé et des griffes très longues. De plus, leur langue était extensible et leurs yeux étaient tous petits.
Une anatomie surprenante qui rend Palorchestidae unique
Suivant la logique de l’évolution, les os des membres supérieurs sont devenus plus robustes à mesure que la taille augmentait. Cela a permis le développement d’une étonnante masse musculaire qui, associée aux griffes acérées, fut essentielle pour agripper les branches et attraper des feuilles. Ce comportement alimentaire suggère que ces animaux devaient adopter des positions bipèdes, en équilibre sur leurs membres inférieurs, pour atteindre de hautes branches inaccessibles par d’autres espèces. Cette innovation a participé à la croissance de l’espèce car elle était seule à bénéficier des ressources de ces niches hautement placées.
Cependant, ce n’est pas la taille des bras de Palorchestidae qui attire l’attention, mais bien l’incapacité de ses coudes... à se plier. En effet, les articulations étaient bloquées a un angle obtus d’environ 100 degrés. Bien que cette particularité puisse sembler handicapante de par son caractère unique chez l’ensemble des mammifères vivants ou éteints, elle était compensée par une puissante rotation des épaules. Celle-ci autorisait les marsupiaux à tirer leur corps vers le haut pour se nourrir sans avoir à recourir aux mouvements du coude lors de la traction.
Le voile n'est pas encore totalement levé...
Depuis leur extinction, les niches alimentaires auxquelles ces espèces étaient adaptées ne sont plus occupées par aucun animal en Australie, ils n’ont donc pas été affectés par la compétition avec d’autres espèces pour se nourrir. Cependant, les raisons exactes de l’extinction de l’espèce qui a vécu pendant 25 millions d’années, de la fin de l’Oligocène à la fin du Pléistocène, restent inconnues malgré la formulation de plusieurs hypothèses.
Cette étude a mis à jour les connaissances disponibles quant à l’apparence de ces animaux de telle façon à ce que l’image que nous nous en faisions précédemment soit maintenant devenue obsolète. Des fossiles d’ossements d’épaule et de poignet restent à dénicher pour approfondir le sujet, mais les découvertes de cette étude suffisent déjà à attester de l’exceptionnelle diversité de la faune et de la flore australiennes.