Croiser des sources ethnographiques peu exploitées avec des découvertes archéologiques récentes… et c’est tout un pan de l’histoire de la conquête du Mexique qui apparait soudain sous un nouveau jour. Voilà le travail inédit réalisé par Dorothy Hosler, professeure d'archéologie et de technologie ancienne au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge (Etats-Unis), dans l’Etat côtier de Guerrero, au sud de l’actuel Mexique. La jeune femme et son équipe ont passé quatre années à étudier d’imposants dépôts de scories de cuivre accumulées dans d’anciennes fonderies à El Manchon, dans la Sierra Madre del Sur.
Ce qui leur a permis d’établir que les premiers occupants espagnols, arrivés dans cette région isolée de la Nouvelle-Espagne au 17e siècle, avaient du s’appuyer sur la connaissance des métallurgistes autochtones pour pouvoir produire le cuivre nécessaire à la fabrication de leurs armes. Une confirmation de ce que seules les archives historiques documentaient jusqu’alors. L’étude, publiée dans la revue Latin American Antiquity, rappelle que les Conquistadors étaient dépourvus de connaissance sur la fusion du cuivre. Au 16e siècle, aucune mine de cuivre n’était en effet exploitée en Espagne et toute la matière transformée utilisée dans la Péninsule ibérique provenait d’Europe centrale et de Scandinavie. "Les Espagnols ont alors compris que la seule façon de pouvoir fondre le cuivre était de collaborer avec les indigènes qui le faisaient déjà", explique Dorothy Holster, jointe par Sciences et Avenir.
Un minerai de cuivre exploité depuis des siècles
Les sociétés locales exploitaient en effet ce minéral depuis des siècles, tant pour sa couleur, proche de l’or auquel il était souvent allié, que pour la production d’objets rituels parmi lesquels des sonnailles et des grelots (instruments de musique) recueillis en nombre dans les sépultures (lire encadré). Dans la Nouvelle-Espagne – ainsi qu’était alors nommé le Mexique nouvellement conquis - les Conquistadors ont alors pu obtenir en quantité ce métal dont ils avaient tant besoin notamment pour leur artillerie comme l’indiquent les importantes quantités de scories de cuivre retrouvées.
"Nous en avions une idée théorique grâce aux documents historiques de la période coloniale qui montraient de quelle façon les Espagnols présents dans certains avant-postes avaient dû négocier avec les populations locales pour acquérir ce cuivre, en échange d’exonérations fiscales et d’autres privilèges économiques", explique Johan Garcia Zaidua, historien de l’Université de Porto (Portugal), co-signataire de l’article.
Croiser des sources ethnographiques peu exploitées avec des découvertes archéologiques récentes… et c’est tout un pan de l’histoire de la conquête du Mexique qui apparait soudain sous un nouveau jour. Voilà le travail inédit réalisé par Dorothy Hosler, professeure d'archéologie et de technologie ancienne au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge (Etats-Unis), dans l’Etat côtier de Guerrero, au sud de l’actuel Mexique. La jeune femme et son équipe ont passé quatre années à étudier d’imposants dépôts de scories de cuivre accumulées dans d’anciennes fonderies à El Manchon, dans la Sierra Madre del Sur.
Ce qui leur a permis d’établir que les premiers occupants espagnols, arrivés dans cette région isolée de la Nouvelle-Espagne au 17e siècle, avaient du s’appuyer sur la connaissance des métallurgistes autochtones pour pouvoir produire le cuivre nécessaire à la fabrication de leurs armes. Une confirmation de ce que seules les archives historiques documentaient jusqu’alors. L’étude, publiée dans la revue Latin American Antiquity, rappelle que les Conquistadors étaient dépourvus de connaissance sur la fusion du cuivre. Au 16e siècle, aucune mine de cuivre n’était en effet exploitée en Espagne et toute la matière transformée utilisée dans la Péninsule ibérique provenait d’Europe centrale et de Scandinavie. "Les Espagnols ont alors compris que la seule façon de pouvoir fondre le cuivre était de collaborer avec les indigènes qui le faisaient déjà", explique Dorothy Holster, jointe par Sciences et Avenir.
Un minerai de cuivre exploité depuis des siècles
Les sociétés locales exploitaient en effet ce minéral depuis des siècles, tant pour sa couleur, proche de l’or auquel il était souvent allié, que pour la production d’objets rituels parmi lesquels des sonnailles et des grelots (instruments de musique) recueillis en nombre dans les sépultures (lire encadré). Dans la Nouvelle-Espagne – ainsi qu’était alors nommé le Mexique nouvellement conquis - les Conquistadors ont alors pu obtenir en quantité ce métal dont ils avaient tant besoin notamment pour leur artillerie comme l’indiquent les importantes quantités de scories de cuivre retrouvées.
"Nous en avions une idée théorique grâce aux documents historiques de la période coloniale qui montraient de quelle façon les Espagnols présents dans certains avant-postes avaient dû négocier avec les populations locales pour acquérir ce cuivre, en échange d’exonérations fiscales et d’autres privilèges économiques", explique Johan Garcia Zaidua, historien de l’Université de Porto (Portugal), co-signataire de l’article. Dès 1521, Hernan Cortès lui-même –qui s’emparera de l’empire aztèque pour le compte du roi d’Espagne Charles Quint– avait fait part de cette disponibilité présente en Nouvelle-Espagne pour couler des pièces d’artillerie en bronze après des tests réussis réalisés sur place. Ce savoir-faire local a ainsi permis aux Espagnols présents dans des régions reculées de pallier les défaillances de leur organisation conquérante pour reconstituer et entretenir leur arsenal.
Vestiges d'un des fours de fusion mésoaméricain utilisé par les colons à El Manchon (Guerrero) durant sa mise au jour. © Dorothy Hosler / MIT
A El Manchon, les archéologues ont ainsi retrouvé des vestiges reflétant un mélange de connaissances européennes et locales. Dorothy Hosler et ses collègues ont notamment identifié les restes d'un four fermé hybride, modèle jusque-là inconnu, qu’alimentait un soufflet d’origine européenne actionné à la main. Par ces améliorations technologiques, l’apport d’air élevé permettait d’atteindre des températures de fusion plus importante et ainsi augmenter les volumes de production. De fait, l’activité intensive de production d’El Manchon aurait débuté vers 1630 pour s’achever vers 1825. "Nous pouvons aussi imaginer les conséquences bouleversantes pour ces populations, quand de ces matériaux divins qui représentaient et évoquaient le surnaturel, ils ont vu surgir des éléments d'artillerie ou des armes utilisées pour opprimer", conclut Dorothy Holster. Malheureusement, alors que ces recherches s’annonçaient des plus fructueuses, les archéologues ont du interrompre leurs travaux en raison de troubles sociaux liés à la présence dans la région d’un cartel de la drogue.
Une brève histoire de la métallurgie préhispanique mésoaméricaine
Contrairement à la Chine, aux Andes, à la Colombie ou au Proche-Orient, en Mésoamérique - cette aire géographique s’étirant du Mexique au Costa Rica en incluant le Belize, le Guatemala, le Honduras, le Salvador et le Nicaragua - l’usage du métal ne serait apparu que vers 700. Avant 1100, la plupart des objets étaient fabriqués à partir de cuivre, ensuite, les alliages cuivre-étain (Cu-Sn), cuivre–arsenic (Cu-As), cuivre-argent (Cu-Ag) et or-cuivre (Au-Cu) sont devenus plus courants. Les peuples de l’ouest du Mexique s’intéressaient au métal pour sa couleur et sa sonorité. Les objets ainsi fabriqués étaient considérés comme sacrés, vivants et puissants. Etrangement, le fer n’a jamais été utilisé par les orfèvres précolombiens, ceux-ci n’étant peut-être jamais parvenus à atteindre les 1536°C nécessaires à sa fusion.