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Les moustiques-tigres voyagent en voiture, c'est prouvé

Une équipe franco-espagnole vient de démontrer que le moustique-tigre est bien présent dans l’habitacle des voitures. Une démonstration qui n’a pas été simple à faire !

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PHOTOS. Les (sales) petites bêtes qui montent

Moustique-tigre ("Aedes albopictus")

AFP PHOTO/EID Mediterranee

Le moustique-tigre a été repéré pour la première fois en 2004 en France et en Espagne. Depuis, il est présent partout en Espagne et dans une grande moitié sud de la France. Une colonisation aussi rapide ne peut être le fait des performances de l’insecte : il ne se déplace que de 200 à 300 m autour de son lieu de naissance lors de ses 2 à 3 semaines d’existence. Il faut donc imaginer qu’il prend la voiture ! L’hypothèse est étayée par le fait que sa progression suit les autoroutes. Mais jusqu’ici rien n’était prouvé. C’est désormais fait grâce au travail de jeunes chercheurs espagnols épaulés par David Roiz de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Montpellier. Leurs résultats viennent de paraître dans Scientific reports.

« Nous avons obtenu l’aide de la police catalane pour intercepter des voitures aux péages  autoroutiers de la banlieue de Barcelone et également examiner les véhicules subissant des tests anti-pollution », raconte David Roiz. Durant l’été 2017, 770 particuliers ont ainsi accepté d’être immobilisés quelque temps pour informer les chercheurs de leur point de départ et de leur destination, de l’usage ou non de la climatisation (qui inhibe l’activité du moustique), des arrêts effectués. Puis les chercheurs ont inspecté l’habitacle et passé l’aspirateur dans les moindres recoins pour traquer cet insecte de 5 mm de long tout en surveillant l’environnement : un moustique a ainsi été rejeté de l’échantillon car les chercheurs se sont aperçus à temps qu’il venait d’entrer dans la voiture.

5 voitures sur 1000 embarquent un passager clandestin

DIFFUSION. Ayant écarté au maximum les biais possibles, l’équipe a pu constater la présence de quatre moustiques-tigres sur 770 voitures inspectées. « Cela peut paraître peu, mais il y a 6,5 millions de voitures qui circulent dans l’agglomération barcelonaise tous les jours, préise David Roiz. Selon nos calculs, nous arrivons à une fréquence de 5 voitures sur 1000 convoyant un moustique-tigre. » Grâce aux indications des conducteurs, les chercheurs ont pu déterminer que Barcelone est bien la plus grande source de diffusion inter-provinciale de l’insecte. « Je pense que nous aurions des résultats similaires pour les régions méditerranéennes françaises où se trouvent les plus grandes concentrations de cet insecte », poursuit David Roiz.

La diffusion du moustique-tigre en Espagne à partir des déclarations des conducteurs des voitures inspectées. La région de Barcelone est la principale zone de dispersion. Copyright Scientific reports

Ces résultats confirment l’incroyable efficacité de cet insecte pour coloniser de nouvelles régions. Aedes albopictus est arrivé d’Asie vraisemblablement sous la forme d’œufs contenus dans des pneus usagés. Les œufs de l’espèce ont effet la particularité de pouvoir se dessécher et survivre dans des conditions extrêmes durant plus de six mois. En outre, il est donc désormais prouvé que l’insecte peut se glisser dans les voitures sur de longues distances sans dommages.

Un vecteur de maladies tropicales graves

CHIKUNGUNYA. Le moustique tigre est un vecteur de maladies graves comme le chikungunya, la dengue ou le virus Zika. Le scénario redouté, c’est qu’une personne porteuse d’une de ces maladies importées des tropiques ne se fasse piquer en France, favorisant ainsi le début d’une épidémie. Qui plus est, des cas autochtones ont commencé à apparaître comme en 2017 dans le Var. Des mesures de vigilance sont mises en place par les pouvoirs publics. Les citoyens sont ainsi invités à signaler la présence du moustique-tigre sur un site Internet dédié.

Pour améliorer encore la surveillance, l’équipe franco-espagnole à l’origine de cette étude vient de lancer une application mobile qui va permettre de photographier les insectes suspects pour envoyer les clichés aux chercheurs. « Nous espérons ainsi affiner et vérifier les constats effectués par les citoyens, mais aussi améliorer la détection d’un autre moustique qui arrive dans nos contrées, Aedes aegypti ». Présent en Égypte, en Turquie et aux Canaries, ce nouvel envahisseur vient d’être signalé au Portugal. C’est un des principaux porteurs de la dengue.

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