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Biodiversité

Le débat s'envenime concernant le nombre de loups hybrides en France

Dans un communiqué, l'ONCFS met en doute les résultats obtenus par un laboratoire allemand concernant le nombre de loups hybrides en France. Interrogé par Sciences et Avenir, le laboratoire campe sur ses positions.

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Loup Pologne

Le débat fait rage en France concernant le nombre de loups hybrides.

© Jiri Castka/AP/SIPA

Quelle proportion d'hybrides chien/ loup dans la population lupine en France ? La question est d'importance car si le loup est une espèce protégée, ce n'est pas le cas des lignées issues d'un croisement entre des loups et des chiens. Or, cette information est importante pour évaluer la population des loups en France, et déterminer les mesures à prendre pour assurer une cohabitation durable avec les activités humaines. Mais comme le montre les dernières réunions sur le plan loup boycottées par les éleveurs, le sujet entraîne de nombreuses crispations. Lors d'une conférence de presse qui s'est déroulée le 22 novembre 2017 à la Chambre d'agriculture de Grenoble, plusieurs personnes (des bergers, des élus et des citoyens, indiquait alors Le Dauphiné Libéré) ont présenté des résultats d'analyses génétiques qu'ils auraient eux-même financé. Ces derniers révélaient que les hybrides pullulent sur le territoire national. Et pas qu'un peu puisque d'après cette étude, sur les 20 échantillons analysés complètement (sur un total de 127), pas moins de 100% appartiendraient à des hybrides !

Pour l'ONCFS, cette étude présente de sérieuses lacunes

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a tenu à réagir. Dans un communiqué datant du 14 décembre 2017, l'établissement public assure "vouloir en finir avec les contre-vérités". Pour l'ONCFS, le phénomène d'hybridation entre les loups (Canis lupus) et les chiens (Canis lupus familiaris) est très limité sur le territoire national. Seulement 1,5 % de ces canidés sont le fruit d'une hybridation récente et 6 % d'une plus ancienne. En effet sur les 130 prélèvements fait par le laboratoire Antagène mandaté par l'ONCFS, 120 provenaient de loups "de lignée génétique italienne", 2 d'hybrides de première génération (directement issus d'un croisement entre un chien et un loup) et 8 possédaient des signatures génétiques correspondant à une hybridation plus ancienne.

L'ONCFS, qui semble particulièrement confiant, souhaite organiser une rencontre afin que les deux laboratoires puissent confronter leurs résultats. Selon l'établissement, "les étapes de prélèvement et manipulation des échantillons, les marqueurs recherchés – ou écartés, la lecture et l’interprétation des résultats montrent des lacunes importantes". Il estime notamment que les méthodes employées ont sûrement pollué les échantillons ADN, ceux analysé complètement ayant tous été classés en "hybrides". L'ONCFS pense que "les profils génétiques présentés résultent probablement de mélanges d'ADN appartenant à une ou plusieurs espèces, qu'il n'est pas possible de démêler au travers de la méthode utilisée".

Il indique aussi que 10 marqueurs "ne sont pas suffisants pour détecter l'hybridation sur de l'ADN rare et dégradé" et que "l''étude présente un 'allèle 80' comme étant un marqueur de la lignée italienne. Cette dénomination dénote une incompréhension des notions génétiques. Un allèle ne s'exprime qu'en référence au marqueur qui le porte".

Des critiques "ridicules" pour le Dr Nicole von Wurmb-Schwark

Interrogé par Sciences et Avenir, le laboratoire ForGen par la voix du Dr Nicole von Wurmb-Schwark - qui selon le Dauphiné Libéré était venue elle-même présenter les résultats lors de la conférence de presse - n'a pas apprécié que son travail soit remis en cause. "Je suis médecin légiste et j'ai commencé à travailler dans ce domaine en 1995. Par conséquent, j'ai une véritable expérience", a tenu à rappeler la scientifique. "Je suis également spécialisée sur des sujets comme les traces minimes d'ADN et sa contamination et j'ai rédigé de nombreuses recherches sur cela qui ont souvent été publiées dans des revues scientifiques (prestigieuses)", poursuit le Dr von Wurmb-Schwark.

Pour elle, les critiques concernant la pollution des échantillons sont "ridicules" : "La contamination est un problème sérieux et important mais je peux vous assurer que tous les experts légistes connaissent la manière de le traiter de la meilleure façon possible", ajoutant que le laboratoire est resté très prudent avec les résultats obtenus. Par ailleurs, le Dr Nicole von Wurmb-Schwark assure que "concernant les marqueurs, dire que le plus est forcément le mieux n'est absolument pas correct".

Le débat qui tend à s'envenimer concernant le nombre de loups hybrides en France est donc loin d'être clos. Une confrontation des résultats obtenus par les deux laboratoires pourrait peut-être y mettre fin.

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