Panda géant (Ailuropoda melanoleuca), iguane bleu (Cyclura lewisi) ou crécerelle de Maurice (Falco punctatus) : le destin de certaines espèces menacées "prouve" que les mesures de sauvegarde peuvent marcher. Un signe encourageant dans un monde où la faune et la flore déclinent à une vitesse sans précédent.
Les bonnes nouvelles mises en avant par l'UICN
Replantation de cèdres du Liban, réintroduction en Russie de bécasseaux spatules, tortues vertes suivies par satellite en Australie... Les programmes de conservation permettent parfois de ralentir le déclin souvent provoqué par l'homme et même parfois de l'inverser. C'est le message qu'a voulu faire passer l'Union internationale de la conservation de la nature (UICN) le 22 mai 2018, date de la Journée mondiale de la biodiversité. Certes, l'organisation est habituée à être associée aux espèces animales et végétales menacées d'extinction à cause de sa fameuse "Liste rouge" (le reflet de la situation dramatique d'une Terre confrontée à la sixième extinction de masse). Mais cette fois l'UICN a choisi de mettre en avant les réussites des mesures de conservation. "Du cèdre du Liban au grand hapalémur (lémurien, NDLR), des histoires prouvent que la conservation marche", indique sur son site l'UICN. "La sixième extinction est en route" mais "ces réussites en matière de conservation montrent qu'il y a encore un espoir pour l'avenir de notre planète", a renchéri le patron de la Liste rouge, Craig Hilton-Taylor.
En 1974, les crécerelles de Maurice étaient 4
L'emblématique panda géant a ainsi vu sa population passer de 1216 en 1988 à 1864 en 2014. De quoi le sortir de la catégorie "en danger", même s'il reste "vulnérable". Mais "les efforts doivent continuer", le changement climatique menaçant les bambous dont il se nourrit, insiste l'UICN. Grâce à la réintroduction d'iguanes bleus élevés en captivité sur l'île de Grand Cayman, l'espèce n'est plus "en danger critique", mais seulement "en danger" depuis 2012 et le nombre de reptiles continue d'augmenter. En 1974, les crécerelles de Maurice, comptaient seulement quatre individus ; l'espèce était très proche de l'extinction. Aujourd'hui, ces rapaces sont environ 400 : une des réussites les plus importantes au monde en matière de sauvegarde des oiseaux, note l'UICN.
Sur l'île voisine de Rodrigues, la roussette éponyme est passée d'une centaine d'individus dans les années 1970 à plus de 25.000, grâce à la reforestation. Quant au grand hapalémur, de la famille des lémuriens, il était considéré comme éteint avant sa "redécouverte" en 1986 dans une région de Madagascar. Et même s'il est toujours "en danger critique", les mesures de sauvegarde "ont des effets positifs". Enfin, en Ethiopie, l'habitat du loup d'Abyssinie, carnivore le plus menacé d'Afrique, est désormais en très grande partie protégé, même si les efforts de préservation du canidé ont été mis à mal par les maladies transmises par les chiens domestiques.
L'UICN rappelle qu'environ 5% des espèces connues sont notées dans la Liste rouge "qui procure des informations détaillées au sujet de leur statut de conservation et des stratégies de conservation à l'échelle mondiale". Environ 2 millions d'espèces ont été décrites jusqu'à présent mais les chercheurs pensent qu'il ne s'agit que d'une fraction du total global.