À l'embauche, les entreprises cherchent aujourd'hui à évaluer l'état d'esprit du candidat pour repérer celui qui saura mieux s'intégrer à une équipe. Ces « compétences comportementales », ou « soft skills » en anglais, sont aujourd'hui estimées par différents moyens. Elles peuvent être aussi travaillées. Nous avons demandé comment à Valérie Pham-Trong, directrice de l'école Ionis-STM.

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    « Compétences douces », par opposition au « hard », c'est-à-dire les compétences techniques, ou encore « compétences comportementales », « savoir-être » et « qualités relationnelles » : voilà des termes qui sont aujourd'hui dans toutes les bouches, en particulier celle des recruteurs et des entreprises. En somme, il s'agit de prendre en compte, d'évaluer voire d'améliorer la personnalité d'un candidat ou d'un employé. Car pour réussir professionnellement, il ne suffit pas de bien connaître son métier, il faut aussi bien se comporter avec les autres.

    Pour l'entreprise, la prise en compte de ces softskills est un nouveau moyen de sélection, et les CV s'ornent désormais souvent de paragraphes où le candidat parle de lui, de ses passions, de ses motivations, des sports qu'il pratique ou des associations dont il fait partie. Une nouvelle méthode d'évaluation des candidats tend à s'affiner : des études comme celle actuellement menée par l'OCDE visent justement à perfectionner les outils d'évaluation des qualités relationnelles.

    À connaissances techniques égales, les parcours au sein de l'entreprise diffèrent. Certains dévoilent leurs capacités de chef d'équipe, d'autres leur originalité de pensée. Logique : chaque humain est unique. Pour l'entreprise, l'objectif est de bien utiliser ces dons et de commencer par ne pas les gâcher. © Boggy, Fotolia

    À connaissances techniques égales, les parcours au sein de l'entreprise diffèrent. Certains dévoilent leurs capacités de chef d'équipe, d'autres leur originalité de pensée. Logique : chaque humain est unique. Pour l'entreprise, l'objectif est de bien utiliser ces dons et de commencer par ne pas les gâcher. © Boggy, Fotolia

    « L'enseignement privilégie les compétences techniques »

    Sont-elles innées ou acquises ? Un peu des deux, bien sûr, et nous avons demandé son avis à Valérie Pham-Trong, directrice de Ionis-STM (Ionis School of Technology and Management), une école « de la double compétence », qui associe management avec informatique, biotechnologiesbiotechnologies ou énergie. Les étudiants (de 20 à 45 ans) sont amenés à dévoiler leurs softskills lors d'entretiens et à les développer par le biais d'exercices. « L'idée est de trouver leurs points forts. Ce peut être la capacité d'organisation ou le goût de travailler en équipe par exemple. Cela peut être mis en évidence par le rôle qu'ils ont joué en milieu associatif. Il faut que chacun se connaisse mieux et exploite ses capacités. C'est utile pour l'entreprise. Sinon, on travaille avec des clones... » Et d'ajouter « si on s'appuie sur les qualités de quelqu'un, on ne se trompe pas ».

    Les écoles plus traditionnelles ne forment-elles pas assez sur ce terrain ? « C'est vrai que l'enseignement, universités comprises, privilégie les connaissances techniques. En Finlande et en Suède, les enfants apprennent dès l'école primaire à s'exprimer et à travailler en équipes. Cette formation est pourtant aussi utile pour le docteur ou l'ingénieur. Car chaque corps de métier regorge de qualités spécifiques. Je remarque que les scientifiques apprécient qu'on valorise les qualités relationnelles. Ils ont souvent une sincérité plus forte que la moyenne. Chez les commerciaux, on cherche plutôt à avoir la "niaque". »

    Les scientifiques ont souvent une sincérité plus forte que la moyenne

    Il faut développer l'esprit créatif de chacun, explique-t-elle, ainsi que le travail en groupe, à travers des mises en situation. « Il peut par exemple s'agir de jeux de rôles, où les participants ont dix minutes pour trouver l'idée d'une nouvelle entreprise et la défendre devant les autres. Lesquels sont munis de billets avec lesquels ils investiront, ou pas, sur les projets présentés. »

    La directrice explique avoir développé ces méthodes en partant des besoins des entreprises, où « ceux qui progressent vite sont ceux qui sont bien dans leur peau ».