Le Livre des Morts égyptien est probablement un des textes anciens les plus connus du grand public, ne serait-ce que de nom. Découvrir ces écrits sur des papyrus intacts en contexte funéraire est quelque chose de rare, et surtout de précieux pour la recherche. À la suite d'une restauration complète, un exemplaire de 16 mètres de long a été découvert dans une tombe au pied de la pyramide de Djéser sur le site de Saqqarah. Si la fouille du site remonte à 2022, les travaux de restauration de ce papyrus de 50 avant notre ère ont été achevés en ce début 2023.


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    Le Livre des Morts s'appelle en réalité Livre pour sortir au jour, et les textes que l'on peut y trouver permettent de mieux comprendre les enjeux du grand voyage post-mortem des Égyptiens anciens. C'est dans une tombe, auprès d'un défunt, qu'a été découvert un nouvel exemplaire de ce texte de 16 mètres de long en 2022. Si la taille de ce papyrus peut étonner, certains peuvent mesurer plus de 30 mètres de long ! En 2022 déjà, un autre papyrus de ce type a été découvert sur le site, mais sa taille était moindre et il était fragmenté. Cette découverte est donc importante pour la recherche.

    Le Livre des Morts, toute une aventure

    Si le Livre pour sortir au jour s'avère si important pour comprendre la pensée des Égyptiens anciens, c'est qu'on y retrouve des informations et des formules magiques pour le grand voyage suite au trépas. Nous le savons, la préparation de la mort et du mort sont des moments importants dans la pensée de ces époques, d'où les nombreuses momifications que l'on peut retrouver au cours des dynasties égyptiennes. Le Livre des Morts est un ouvrage qui va physiquement accompagner le défunt, puisqu'il va être personnalisé pour les plus fortunés et glissé auprès de la dépouille. C'est un ouvrage qui a aussi pour but d'accompagner spirituellement le défunt dans les épreuves qui l'attendent une fois décédé. Lors de ce voyage, il va rencontrer des divinités, passer des épreuves dont la pesée du cœur pour devenir un Akh, un esprit bienheureux. À noter que les formules peuvent aussi se retrouver sur d'autres supports dans le monde égyptien ancien.

    Papyrus égyptien. © Canva
    Papyrus égyptien. © Canva

    Des exemplaires complets rares

    Une telle découverte suscite de l'intérêt dans la communauté égyptologique, puisque les textes de ces recueils sont toujours étudiés. Cela faisait une centaine d'années qu'une découverte de ce type n'avait pas eu lieu. D'une part, les papyrus complets ou de taille imposante du Livre des Morts sont rares. On les connaît surtout fragmentés, héritage du XIXe siècle, où certains exemplaires ont été morcelés pour permettre la vente de plusieurs morceaux. Perdus au gré des collections privées, c'est tout le travail des chercheurs et des conservateurs de les rassembler lorsqu'ils ressortent au grand jour.

    Il est important de se rappeler qu'avant que l'on puisse déchiffrer les hiéroglyphes, on était tout bonnement incapables de savoir de quoi parlaient les textes avec ce système d'écriture ainsi que ses cursives, le hiératique et le démotique. Il n'est par conséquent pas étonnant que les aventuriers et autres antiquaires du passé aient été à l'origine de ces découpes malheureuses. D'ailleurs, la première traduction date de 1842, et elle est l'œuvre de l'égyptologue allemand, Karl Richard Lepsius.

    Des œuvres attentivement surveillées

    Dans le cadre muséal, les exemplaires du Livre des Morts font l'objet d'une attention toute particulière. On retrouve un fonds de papyri égyptiens à la Bibliothèque nationale de France qui ont été numérisés, pour le plus grand plaisir du public. À la fondation Martin Bodmer, en Suisse, un exemplaire du Livre des Morts a été restauré soigneusement pendant plusieurs années, sa présentation au public a eu lieu en 2022 au cours de deux journées spéciales avant de rejoindre les réserves sécurisées du site. D'autres musées du monde conservent des exemplaires des papyri, à l'image du British Museum. Ce nouvel exemplaire datant de la période ptolémaïque devrait à terme rejoindre une des collections égyptiennes.

    Les autorités n'ont pas encore annoncé qui est le propriétaire du dernier papyrus découvert, puisque ces derniers sont souvent personnalisés. De plus, aucune image n'a encore été présentée à la presse. Des annonces qui ne devraient en principe pas tarder à nous parvenir par voie de presse.