En Indonésie, chez les Bajau, des pêcheurs sont capables de rester 13 minutes sous l'eau sans respirer. Ce peuple de plongeurs possède une rate particulièrement développée, une caractéristique qui serait d’origine génétique.

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    Des scientifiques ont découvert la première preuve d'une adaptation génétique de l'être humain à la plongée en profondeur, à savoir le développement exceptionnel de la rate du peuple Bajau en Indonésie, selon une étude publiée jeudi dans la revue Cell.

    Surnommés les « nomades de la mer », ces indigènesindigènes pêchent en descendant jusqu'à 70 mètres de profondeur avec pour seuls équipements des poids et un masque de boisbois. Ils passent jusqu'à 60 % de leur journée de travail à plonger à la recherche de poissonspoissons, pieuvres et autres crustacéscrustacés - une duréedurée similaire à celle des loutres de merloutres de mer - et peuvent passer jusqu'à 13 minutes sous l'eau sans respirer.

    Image du site Futura Sciences

    Photo non datée fournie le 19 avril 2018 par Melissa Ilardo d'un plongeur Bajau, en Indonésie. © Melissa Ilardo, AFP

    Intriguée par de telles aptitudes, la scientifique américaine Melissa Ilardo s'est demandé s'ils avaient subi une modification génétique pour être en mesure de rester sous l'eau beaucoup plus longtemps que les autres humains. Elle a passé plusieurs mois en Indonésie auprès des Bajau et d'un autre peuple qui ne plonge pas, les Saluan.

    Elle a notamment prélevé des échantillons génétiques et effectué des échographies, qui ont montré que la rate des Bajau était environ 50 % plus grosse que celle des Saluan.

    Le saviez-vous ?

    La rate est un organe important en matière de plongée. En situation de manque d’oxygène, la rate se contracte et chasse des globules rouges, ce qui augmente leur nombre dans le sang. Lorsque le plongeur retourne à l’air frais, la quantité d’oxygène fixée sera plus importante, ce qui lui permet de mieux résister à une nouvelle suspension du souffle.

    La taille de la rate dépend des gènes

    La rate des Bajau était plus grosse, qu'il s'agisse ou non de plongeurs, et une analyse ADN en a révélé la raison : en comparant le génome des Bajau à deux populations différentes - les Saluan et les Han chinois -, les scientifiques ont trouvé 25 sites génomiques ayant d'importantes différences. L'une d'elles se trouvait sur le gènegène PDE10A, considéré comme déterminant dans la taille de la rate des Bajau.

    Les Bajau ont peut-être évolué pour que leur rate dispose de la taille nécessaire pour accompagner leurs longues et fréquentes plongées

    Chez les souris, ce gène « est connu pour réguler l'hormonehormone thyroïdienne qui contrôle la taille de la rate, ce qui soutient l'idée que les Bajau ont peut-être évolué pour que leur rate dispose de la taille nécessaire pour accompagner leurs longues et fréquentes plongées », a souligné l'étude.

    Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la façon dont cette hormone affecte la taille de la rate des humains.

    En attendant, cette découverte pourrait accélérer la recherche médicale sur la façon dont le corps réagit au manque d'oxygène dans différentes circonstances, comme la plongée mais aussi l'altitude, une intervention chirurgicale ou une maladie pulmonaire.