En cette journée mondiale de l’eau, attardons-nous sur le plus grand chantier du parc hydraulique de France : celui de Romanche-Gavet, près de Grenoble. Étalé sur une décennie, entre 2010 et 2020, il remplacera six centrales et cinq barrages par un aménagement souterrain et un unique barrage "prise d'eau" . Il aura fallu creuser un tunnel de 10 km de longueur, aujourd’hui achevé.


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    Pour extraire de l'énergieénergie d'un cours d'eau, le principe le plus courant est de réaliser un barrage pour créer une retenue et donc, dirait un physicienphysicien, emmagasiner de l'énergie potentielleénergie potentielle. Puis on crée une chute d'eau, donc de l'énergie cinétiqueénergie cinétique, entraînant une turbine. Une autre méthode est celle du moulin : recueillir l'énergie au fil de l'eau.

    C'est en quelque sorte un moulin du XXIe siècle que réalise EDF en Isère, dans la vallée de la Romanche, rivière torrentielle venue du massif des Écrins. C'est aussi un gros investissement dans les énergies renouvelables car ce chantier, ouvert en 2010 et qui se terminera en 2020, est énorme, même si, finalement, la future installation sera beaucoup moins visible que celle existant aujourd'hui. Cinq barrages, en effet, ainsi que six centrales hydroélectriques, ont été construits dans cette étroite vallée au cours des XIXe et XXe siècles.

     

    La fin du percement de la galerie de 10 km, aussi longue que le tunnel du Mont-Blanc. Une partie de l’eau de la Romanche s’y écoulera et retrouvera la rivière en aval, après la centrale souterraine. Spécialement conçus pour ce chantier, les deux tunneliers, « Lilorosa » et « Rosalie », ont creusé chacun un segment. La vidéo montre la jonction opérée en décembre 2017 par Lilorosa, arrivée au terme de son voyage de 6,2 km en direction du barrage de Livet. © EDF

    Romanche-Gavet, plus discrète, produira 38 % de plus

    Tout cela sera remplacé par une seule centrale hydroélectrique, dite Romanche-Gavet, près de la commune de Livet-et-Gavet. Pour y parvenir, une partie de l'eau de la rivière captée, au niveau du barrage de Livet, en amont, pour être dirigée dans une conduite souterraine. Ce tunnel de 10 km, le plus long du genre en France, est achevé depuis le 14 décembre 2017. Il aura fallu faire travailler durant deux ans et demi deux tunnelierstunneliers de 630 tonnes et 200 m de long, progressant par pas de 1,80 m, à raison de 12 à 15 m par jour. À eux deux, ils ont extrait 250.000 m3 de roches.

    En aval, cette galerie alimentera une centrale hydroélectrique entièrement souterraine, installée dans deux vastes cavernes qui abriteront deux unités de production à turbines de type « Francis ». Leur axe est vertical et l'eau pénètre dans les aubesaubes radialement, dans le plan horizontal donc. Elle ressort verticalement, vers le bas, après avoir entraîné la turbine. Ce principe est bien adapté aux chutes moyennes (environ 150 m de différence d'altitude entre le barrage de Livet et la centrale de Gavet).

    D'après EDF, l'installation de 92 MW produira 38 % de plus qu'aujourd'hui. L'estimation est de 560 millions de kWh par an, « soit l'équivalent de la consommation de 230.000 foyers ». Elle devrait être raccordée au réseau en 2020.