Profitant du buzz de la première mission touristique autour de la Lune de SpaceX, la société russe RKK Energia a rappelé qu’elle propose également un vol lunaire en partenariat avec Space Adventures pour un coût compris entre 150 et 180 millions de dollars, selon l’option choisie.

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    SpaceX n'est pas la seule société à proposer des voyages touristiques autour de la Lune. Space Adventures et RKK Energia sont précurseurs dans ce domaine et se sont associées il y a quelques années pour proposer des voyages lunaires.

    Pour réaliser ces vols touristiques, RKK Energia prévoit d'utiliser une version modifiée des capsules SoyouzSoyouz actuellement utilisées pour le transport de passagers vers la Station spatiale et dont le développement est en cours d'étude chez la firme russe qui conçoit les Soyouz. Ce Soyouz lunaire serait doté d'un module de vie supplémentaire, rendu nécessaire par la petite semaine que doit durer cette escapade autour de la Lune. Telle qu'elle est planifiée, cette mission prévoit deux lancements distincts. Celui de la capsule Soyouz avec les trois passagers et celui de l'étage de transfert avec un module pressurisé vers la Lune à l'aide d'un lanceur Angara. Le rendez-vous et la jonction se feront en orbite basse avec une halte à bord de l'ISS avant la manœuvre en option. L'étage supérieur serait utilisé pour le voyage vers la Lune. Une fois le vaisseau en orbite autour de la Lune, la séparationséparation aurait lieu, avant d'entamer le voyage du retour sur la Terre.

    La version lunaire de la capsule Soyouz devrait être mise au point par la firme russe RKK Energia. Elle se compose d'un module additionnel comprenant une partie pressurisée et un compartiment qui abrite le système de propulsion. Ce module sera lancé lors d'un vol distinct par un Proton afin de s'amarrer en orbite à une capsule Soyouz, à proximité de la Station spatiale. © Roscosmos, Space Adventures

    La version lunaire de la capsule Soyouz devrait être mise au point par la firme russe RKK Energia. Elle se compose d'un module additionnel comprenant une partie pressurisée et un compartiment qui abrite le système de propulsion. Ce module sera lancé lors d'un vol distinct par un Proton afin de s'amarrer en orbite à une capsule Soyouz, à proximité de la Station spatiale. © Roscosmos, Space Adventures

    Bien que plusieurs personnes se soient déclarées intéressées par l'idée de voler à bord d'un Soyouz lunaire, aucun séjour touristique n'est en préparation. Pourtant, en 2011 Space Adventures annonçait la signature d'un premier contrat de vente avec une personne dont l'identité a toujours été gardée secrète et proche de conclure une deuxième vente, ce qui aurait permis la réalisation d'un premier vol autour de la Lune.

    Le vol touristique autour de la Lune du collectionneur d'art contemporain Yusaku Maezawa et sa bande d'artistes à bord du BFR de SpaceXSpaceX va-t-il relancer l'intérêt pour des voyages autour de la Lune à bord de la capsule Soyouz ? Ou, au contraire, plonger dans l'attentisme les personnes intéressées par cette expérience et attendre de voir comment se passe ce premier vol touristique autour de la Lune ?

    Deux séjours touristiques très différents

    Si la destination reste la même, un survolsurvol de la Lune, l'expérience utilisateur sera très différente selon que l'on embarque avec SpaceX ou Space Adventures et RKK Energia. En effet, le contrastecontraste sera saisissant entre le légendaire véhicule Soyouz, dont le premier vol date de 1967 et le BFR, véhicule aseptisé de SpaceX entièrement automatique et piloté depuis le centre de contrôle de SpaceX en Californie. À bord du Soyouz lunaire, deux touristes et un cosmonaute professionnel russe qui pilotera le véhicule tandis que le BFR pourra embarquer plusieurs dizaines de passagers, mais seulement huit pour son premier vol autour de la Lune. Les ambiances à l'intérieur des deux véhicules seront forcément différentes. Le tableau de bord du Soyouz et sa centaine de boutons seront propices à des discussions autour de l'histoire de la conquête de l'espace alors que le véhicule BFR et son intérieur sophistiqué laisse entrevoir ce qui pourrait être l'avenir de l'exploration habitée du Système solaire.


    Huit touristes prêts à débourser 150 millions de dollars pour tourner autour de la Lune

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 25/08/2016

    La Lune sera-t-elle une destination touristique dès 2020 ? C'est en tout cas le pari fait par l'Agence spatiale russe et son partenaire américain Space Adventures. Ils souhaitent en effet utiliser la capsule Soyouz pour réaliser ce type de vols commerciaux. Un marché lilliputien estimé à seulement une trentaine de personnes richissimes. Pour le moment, huit personnes sont intéressées.

    Scénario de science-fiction il y a encore quelques années, le tourisme autour de la Lune devient peu à peu une réalité... même s'il est, pour le moment, uniquement destiné à des personnes richissimes. En effet, depuis 2010, la société américaine Space Adventures commercialise ce séjour utopique à bord d'une version améliorée de la capsule Soyouz -- cette dernière est actuellement utilisée pour les rotations des équipages à bord de la Station spatiale internationale (ISS). La vénérable capsule, dont la conception remonte aux années 1960, sera évidemment adaptée pour ce voyage qui durera une quinzaine de jours.

    L'idée de l'Agence spatiale russe (Roscosmos) et de son partenaire américain serait de réaliser, dès 2020, un voyage de 10 jours à bord de l'ISS, suivi d'un vol à destination de la Lune. Le départ vers notre satellite naturel se ferait ainsi après une période d'acclimatation à l'apesanteurapesanteur dans la Station.

    Le vol se ferait à bord d'une capsule Soyouz à laquelle un module lunaire devrait être amarré en orbite. Ce dernier comprendrait une partie pressurisée pour y séjourner et une autre qui abriterait le système de propulsion. Le survol de la Lune se ferait à une distance de seulement 100 kilomètres d'altitude.

    Les vols touristiques à bord de l’ISS de nouveau commercialisés

    Le prix du billet est de quelque 150 millions de dollars, soit environ 133 millions d'euros au cours actuel. Huit personnes sont intéressées, dont le réalisateur James Cameron et une famille japonaise. D'après les prévisions russes, 5 à 7 expéditions lunaires pourraient être nécessaires pour satisfaire la demande, estimée à environ 30 personnes.

    Par ailleurs, l'Agence spatiale russe a récemment décidé de relancer la commercialisation de vols touristiques à destination de la Station spatiale internationale. Cette activité avait permis à sept personnes de séjourner plusieurs jours à bord du complexe orbitalcomplexe orbital, entre 2001 et 2009. Puis, elle avait été suspendue lorsque des partenaires du programme ISS avaient décidé d'augmenter les effectifs permanents de la Station, passant de 3 à 6 astronautesastronautes (en juin 2009). En effet, depuis l'arrêt de la navette spatiale en juillet 2011, les capsules Soyouz sont les seuls véhicules spatiaux habités en service et, depuis cette décision, chacune de leurs places sont soit vendues aux agences spatiales partenaires de l'ISS, soit réservées aux cosmonautes russes et à leurs partenaires.

    Voici quatre des sept touristes spatiaux qui ont rejoint l'ISS en prenant place à bord d'une capsule Soyouz. En haut, l'américano-iranienne Anousheh Ansari (2006) ; en bas, de gauche à droite, Dennis Tito, le premier touriste spatial (2001), Charles Simonyi, qui vola deux fois (2007 et 2009), et le clown Guy Laliberté, dernier touriste de l'espace à avoir volé sur un Soyouz (2009). © Nasa (assemblage R. Decourt)

    Voici quatre des sept touristes spatiaux qui ont rejoint l'ISS en prenant place à bord d'une capsule Soyouz. En haut, l'américano-iranienne Anousheh Ansari (2006) ; en bas, de gauche à droite, Dennis Tito, le premier touriste spatial (2001), Charles Simonyi, qui vola deux fois (2007 et 2009), et le clown Guy Laliberté, dernier touriste de l'espace à avoir volé sur un Soyouz (2009). © Nasa (assemblage R. Decourt)

    En 2018, l'arrivée des véhicules habités de SpaceX et de Boeing devrait casser le monopole russe. À partir de cette date, les astronautes américains utiliseraient alors ces deux seuls véhicules pour rejoindre l'ISS et redescendre sur Terre.

    Les places libérées à bord des capsules Soyouz sont d'ores et déjà commercialisées. Pour l'Agence spatiale russe, le manque à gagner est plus que significatif. Roscomos facturait en effet plus de 81 millions de dollars l'aller-retour à bord d’une capsule Soyouz, soit 72 millions d'euros. Ces vols touristiques, proposés à environ 50 millions de dollars (44 millions d'euros), serviront donc à combler ce manque à gagner suite à l'arrêt du contrat avec l'Agence spatiale américaine (NasaNasa).